Que ce soit
dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou
le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était
hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensembles
C'était
hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis
mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout
ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour
ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai
refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en
tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons
ensemble
( LOUIS ARAGON )
Tu es le sentiment de vouloir exister dans la reconnaissance d'autrui
Tu es l'expression de ce besoin de communiquer, d'aller vers l'autre
Tu n'es pas inutile, Solitude
Ni douce non plus, pourvoyeuse d'amertume
Souvent j'ai voulu te broyer, Solitude
et t'oublier, pourfendeuse de vie
Seulement je me suis un peu trop habituée à toi
car quand tu es là, je me rappelle que l'essentiel c'est d'aimer
(poème de Reve En Joie )
Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose :
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
(Pierre de Ronsard )
Rien
n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est
passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent
être léger
J'arrive où je suis étranger
Un
jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où
vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur
change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe
ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes
yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus
longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Les
arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je
me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son
visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais
pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur
le toi-même d'antan
Tomber la poussière du
temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en
fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est
comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on
corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est
long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui
se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer
amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes
marées
Combien faut-il d'années-secondes
A
l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien
n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est
passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent
être léger
J'arrive où je suis
étranger
(Louis Aragon )